La fête chrétienne orthodoxe de Timqat célèbre le baptême du Christ. Elle marque aussi la fin des récoltes sur les hauts plateaux. Le peintre l'a située à Lalibela, la ville sainte constituée de douze églises taillées dans le roc à l'époque médiévale, située dans la région du Lasta. On voit l'église monolithique en forme de croix dédiée à St Georges, à droite. Au centre, des moines portent sur leur tête quatre tablettes d'autel ou tabot car lors de la cérémonie de Timqat les autels sont sortis des églises pour être portés près d'un point d'eau afin d'être bénis. Les chantres de l'église chantent au son des sistres et des tambours.

Le peintre a représenté une scène de culte aux esprits des arbres nommée adbar et pratiquée, ici, par des chrétiens orthodoxes. Une femme oint de beurre un arbre pendant qu'un homme verse à son pied le sang d'une chèvre sacrifiée pour l'occasion. Une grande tablette pour le café est disposée au pied de l'arbre, révélant la dimension sociale et domestique de ce culte aux esprits de protection puisque le café est au centre de nombreuses interactions. Tout autour, on s'affaire à préparer un banquet et à le déguster : viande, bière, café, galettes de blé, fèves bouillies (nefro) sont au menu.

Là encore, le peintre a fabriqué un triptyque. Au centre est le saint Aragawi, fondateur du célèbre monastère de Dabra Damo, situé sur une montagne tabulaire et auquel on n'accède qu'à l'aide d'une corde. Selon sa légende, le saint y monta à l'aide du serpent qu'il avait auparavant vaincu.
Il est entouré de deux représentations du saint éthiopien Liqanos, à gauche « qui dormit de nombreuses années » et qui « délivre les malades » gràce à sa source d'eau bénite, et à droite représenté avec les doigts surmontés de flammes, un événement miraculeux survenu alors qu'il priait.
Ces deux saints, très vénérés dans le Nord du pays, dans la région du Tegray, font partie des « neuf saints » qui auraient réalisés la seconde vague d'évangélisation du pays.

Cette peinture présente le lac Tana et ses îles. La première île, située à gauche, est celle abritant l'église dédiée à Saint Qirqos. La seconde, au centre, est celle du monastère de Gabriel, dans lequel on reconnaît le monastère de Kebran Gabriel. La troisième île à droite est celle abritant le monastère féminin du Pacte de Miséricorde, Kidana Merhat. Sur le lac, de nombreuses barques en papyrus, les tanqwa, transportent les pèlerins se rendant aux monastères, ainsi que les membres de l'aristocratie parmi lesquels est représenté le roi Fasiladas (1632-67). Des hommes se livrent aussi à la chasse à l'hippopotame.

Ce peintre contemporain réalise essentiellement de petites icônes, finement ouvragées, avec des pigments en partie naturels. Si son marché vise essentiellement les touristes et les communautés expatriées en Éthiopie, il ne tente aucune adaptation aux goûts occidentaux et respecte scrupuleusement les codes de l'iconographie religieuse du style appelé « second style gondarien ». Il a réalisé ici un diptyque très classique, présentant la Vierge à l'Enfant sur le panneau central, entourée des archanges Gabriel et Michel, tandis que le panneau servant de couvercle porte l'image de saint Georges terrassant le dragon et délivrant la princesse « de Beyrouth ».
L'homme allongé sous la Vierge est traditionnellement le portrait du commanditaire, représenté dans sa dévotion mariale. Ici, le peintre a ajouté son nom au dessus du personnage couché, se substituant à celui qui fait produire l'icône de dévotion et signant une peinture qui d'ordinaire se devait de rester anonyme.

Cette scène biblique du sacrifice d'Isaac par son père Abraham est une interprétation de l'iconographie classique éthiopienne par une peintre polonaise vivant en Ethiopie.

Cette création de Girma Kafla Masqal mêle sujets religieux, traitement séquentiel de l'image et codes esthétiques de la peinture magique.
Le registre supérieur représente les animaux célestes associés aux évangélistes, avec intercalés les stigmates du Christ, la lance ayant servi lors de la Crucifixion à lui percer le flanc, probablement les deux larrons et au centre, le roi Hérode qui fit mettre le Christ à mort. C'est donc un registre qui évoque le quadruple récit de la Passion du Christ.
Le registre médian présente les sept archanges, figures protectrices par excellence de la peinture religieuse tout autant que magique. Le registre inférieur présente Lofham, Mahafélon et Néflos, qui sont les noms secrets du roi Salomon, quatre mots formant un carré magique, autre grande figure de la protection magique. Mais ici, le peintre a volontairement omis le nom de Salomon lui-même, rendant d'autant plus implicite -ou douteuse ?- la valeur magique de sa peinture.

Cette Vierge à l'Enfant est une copie très fidèle d'une miniature médiévale préservée dans un manuscrit du monastère tigréen de Gunda Gundé. Le peintre en aura eu connaissance par sa reproduction dans l'ouvrage Vierges d'Éthiopie (2004) publié par J. Mercier. Il s'agit d'une miniature exécutée dans le style propre au réseau monastique dit "stéfanite" car son père fondateur était le saint Estifanos (ca. 1380-1450).