
182 - Peinture et médecine traditionnelle
182 - Peinture et médecine traditionnelle
Cette toile a un sujet assez rare, le traitement d’un malade par la médecine traditionnelle éthiopienne, sujet traité avec finesse mais sans légende contrairement aux usages de ce type de « bande-dessinée » : elle semble avoir été faite pour des étrangers, comme l’indique la signature du peintre, en caractères latins, ainsi que l’utilisation de la perspective et la représentation d’éléments architecturaux ou paysagers non signifiants. Les quinze vignettes sont réparties en trois bandes horizontales : Première bande : Deux personnages se concertent au chevet d’un malade qui est sans doute leur enfant ; ils se rendent chez un dabtara, clerc instruit pratiquant parfois la magie, pour le supplier d’intervenir ; celui-ci prescrit le sacrifice d’une chèvre noire dont le guérisseur utilise le sang pour asperger le malade au son d’une prière. Deuxième bande : L’un des deux commanditaires, sans doute le père, tanne et découpe la peau de chèvre pour en extraire des bandes de cuir remises au dabtara. Troisième bande : Le dabtara confectionne une mince bande de cuir de la taille du malade. Il couvre cette bande de signes (dessins et textes) à l’encre rouge et à l’encre noire, puis la place dans une amulette placée au cou du personnage souffrant, qui sort guéri du processus. La toile rappelle que l’art et la peinture peuvent servir de médecine en Ethiopie - les rouleaux sont de véritables médicaments - en étant accompagnés d’un rituel de guérison adéquat. Elle montre aussi l’importance de la vision et de l’image dans la culture éthiopienne pour communiquer avec des forces invisibles. Si la forme de cette image est très contemporaine, elle reprend un thème ancien dans la peinture éthiopienne, l’accomplissement d’un miracle.